mercredi 12 février 2014

Formule 1 : British Racing Motors



Souvent dans l’ombre de Cooper ou Lotus, British Racing Motors, plus connu sous le nom de BRM, a pourtant contribué à faire briller l’Union Jack au panthéon de la Formule Un dans les années soixante. Avec succès, fracas mais aussi de cruelles désillusions.



L’aventure BRM débute au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale grâce à Raymond Mays qui a entre autres fondé ERA avant le conflit. Face aux Italiens et aux Français, l’objectif de Mays est de faire briller au Royaume Uni une force majeure de la monoplace. Soutenu par l’industrie britannique, BRM ne dévoilera sa première voiture qu’en 1950, beaucoup de mécènes s’étant retirés entre temps vu la lenteur du projet. La fameuse Type 15 à moteur V16 est ainsi présentée pour le championnat de Formule Libre. Aussi surbaissée que puissante, cette monoplace atypique ne rencontrera jamais le succès escompté, sa fiabilité minant souvent la course de ses pilotes. Mais dès 1952, un futur personnage clé de BRM décide de reprendre l’écurie à la dérive, Sir Alfred Owen.



Avec la nouvelle réglementation limitant la cylindrée à 2500cc dès 1954, BRM ne peut sortir une voiture répondant à la réglementation à temps, une Maserati 250F faisant l’intérimaire en attendant que la P25 soit prête. Une fois de plus, les résultats modestes s’enchaînent jusqu’à ce que Mike Hawthorn termine troisième lors du Grand Prix d’Argentine en 1956. Ironie du sort, c’est lors du Grand Prix suivant, à Monaco, que l’officine anglaise dévoile sa nouvelle monture.



La P25 est une jolie monoplace svelte équipée d’un quatre cylindres en ligne placé à l’avant mais il faudra encore patienter deux ans avant que BRM ne retrouve le chemin des points avec notamment un 2-3 de Harry Schell et Jean Behra à Zandvoort. Jo Bonnier fera enfin gagner les troupes d’Owen l’année suivante, de nouveau à Zandvoort. Mais face à la domination de Cooper et puis de Ferrari, BRM ne montera plus sur la plus haute marche du podium. Jusqu’en 1962.



Cette année-là, l’élégante P57 dispose d’un V8 maison conçu par Peter Berthon et Aubrey Woobs tandis que Tony Rudd prend la tête du département ingénierie de l’équipe. La masse de travail abattue paye et Graham Hill remporte une victoire amplement méritée à Zandvoort. La saison se résumera à une lutte acharnée entre Jim Clark et le pilote au casque noir. Si la Lotus 25 de Clark est de loin la plus rapide, la BRM P57 est nettement plus fiable !



Alors que son rival n’a rallié que quatre fois l’arrivée, Hill a terminé toutes les courses et a enlevé trois des quatre derniers Grands Prix de la saison. Au moment de faire les comptes après la finale en Afrique du Sud, Hill est champion du monde avec douze points d’avance sur Clark, BRM étant dans la foulée champion des constructeurs malgré la saison en demi teinte de l’équipier Richie Ginther. British Racing Motors enchaînera avec trois titres de vice champion jusqu’en 1965 avant de mettre un pied à terre avec l’intronisation de la réglementation 3 litres.



Un moteur H16, qui est en fait deux Flat-8 reliés par le même vilebrequin est alors développé mais cette véritable usine à gaz aussi lourde que peu fiable sera vite abandonnée au profit d’un V12 plus conventionnel. Mais une fois de plus, les abandons se multiplieront, les pilotes cueillant de trop rares podium jusqu’à la victoire de Pedro Rodriguez au volant de la P153 dessinée par Tony Southgate lors de la dernière édition du Grand Prix de Belgique sur l’ancien Francorchamps en 1970.



Un soubresaut sera observé un an plus tard toujours avec la P153 à moteur V12. Six pilotes se partagent le volant de la monoplace anglaise. Si aucun pilote n’a été en mesure de lutter pour la couronne mondiale remportée cette année là par Jackie Stewart, les petits points engrangés ici et là combinés aux victoires de Jo Siffert et Peter Gethin en Autriche et en Italie permettent à BRM de redevenir vice champion des constructeurs. Une première depuis six ans !



Hélas, l’éclaircie de 1971 laissera vite place à un orage lors des années suivantes. Jean Pierre Beltoise l’emportera à Monaco l’année suivante, avant de terminer deuxième en Afrique du Sud en 1974. Mais plus jamais une BRM ne trouvera le chemin du podium. Alfred Owen laisse à Louis Stanley les rênes de l’équipe dès 1975 mais les monoplaces sorties de l’usine de Bourne ne feront plus que de la figuration. Après seulement trois Grands Prix disputés entre 1976 et 1977, l'équipe jettera définitivement l'éponge.



On reverra BRM sur les circuits 25 ans plus tard en endurance cette fois. L’entrepreneur John Mangoletsi demande à la famille Owen l’utilisation du nom pour la future P351 qui doit sévir en Groupe C. Ce sera un échec, le prototype disputant seulement trois courses dont Le Mans et ne parvenant jamais à rejoindre l’arrivée.

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